Homo sapiens n’a pas attendu les algorithmes de compatibilité amoureuse et les sites de rencontres pour flirter. La pratique de la séduction est aussi vieille que l’humanité elle-même, mais elle n’a pas toujours été désignée en ces termes: au Moyen Âge, les chevaliers «courtisent»; à la Renaissance, les galants «content fleurette». Ce dernier terme est né d’un anglicisme, «flirt», et son histoire est une aventure intime, faite de billets doux et de murmures secrets, témoin privilégié de l’évolution des mœurs.
Sans surprise, la «séduction» (qui désigne encore, au XVIIIe siècle, une tromperie ou un enlèvement) est longtemps restée un privilège masculin. Les dames, bâillonnées par des conventions sociales strictes – abstinence, passivité, virginité –, sont contraintes d’attendre qu’un célibataire vienne «coqueter» à leurs oreilles pour donner libre cours à leurs émois. Vers la fin du XIXe siècle, toutefois, le déséquilibre entre les sexes semble se combler du fait de l’émancipation progressive des femmes : droit au divorce, déclin des unions arrangées et, bientôt, accès au droit de vote puis à la contraception.