Une déception amoureuse est d’autant plus difficile à vivre, qu’elle se produit pour la première fois : l’être intérieur n’est pas encore armé pour la surmonter. Chez les jeunes, elle peut aboutir à une tentative de suicide. Chez les adultes, elle représente également un traumatisme qui, à l’extrême, peut conduire à des dérèglements de toutes sortes : abus d’alcool, harcèlement, violences, homicide. Qu’elle soit le fait d’une personne homo ou hétérosexuelle, les mêmes difficultés sont à traverser.
Le coup de foudre
Le coup de foudre : certaines personnes disent ne l’avoir jamais expérimenté, ou rarement. Cela ne les empêche pas de tomber amoureuses. D’autres affirment qu’elles l’expérimentent très souvent, et même trop souvent, car elles affirment en souffrir.
Le coup de foudre est comme une décharge électrique qui nous atteint brutalement : soudain la personne qui est devant nos yeux nous séduit au point que nous perdons tout contrôle de nous-même. Notre cerveau génère de l’adrénaline, notre cœur palpite, une sensation de chaleur bienveillante nous envahit… c’est le plus beau jour de notre vie ! Le (la) voila, l’être idéal, il (elle) est enfin devant nous !
Le temps s’arrête brusquement, et nous oublions tout : nous serions prêts à rester des heures et des heures à contempler le sujet de notre plaisir, et à rester non loin de lui. Nous nous sentons en sécurité. Nous planons. Une étincelle jaillit dans nos yeux, nous ne pouvons cesser de le (la) regarder. L’autre nous fait perdre tous nos moyens, mais curieusement, nous devenons intrépides dans nos actes.
Le bonheur à l’état pur
C’est le bonheur à l’état pur, et une ivresse émotionnelle extraordinaire nous envahit. Nous observons l’autre, qui devient alors notre seule source d’intérêt : nous détaillons ses traits, ses formes, ses vêtements, son parfum, ses mimiques, son sourire, le timbre de sa voix, la couleur de ses yeux… tout y passe, et dans les détails. Nous retenons même le morceau musical que nous entendons à cet instant précis : bien sûr nous nous précipiterons bientôt pour acheter le CD et le repasser à tout instant… Nous aimons, à perdre la raison.
En soi, le coup de foudre est inexplicable. Il est certainement lié à la chimie de notre cerveau, au niveau du siège de nos goûts et de nos émotions. Nous ne pouvons le provoquer, il arrive à un moment où nous ne l’attendons pas, et alors, nous tombons sous le charme. Nous sommes éblouis, nous vibrons, et nous sommes troublés. Nous nous mettons à inventer des scénarios, où nos fantasmes s’expriment librement : c’est le rêve à l’état éveillé. Le sentiment amoureux est là, qui devient plus fort que la raison, et nous poursuit nuit et jour, occupant toute la place dans nos pensées et nos émotions.
Arrivent alors des phases de grande euphorie, de bien-être, d’excitation émotionnelle et sexuelle, lorsque le sujet de notre sentiment amoureux est présent. Elles alternent avec des phases de mélancolie, de tristesse et d’apathie lorsqu’il n’est pas là : l’absence de l’autre nous fait souffrir. Nous ne pouvons plus nous en passer.
Plusieurs sentiments se côtoient : l’espoir de voir notre rêve se réaliser, et à l’opposé, l’incertitude d’y arriver, la peur de tout perdre. C’est l’effet « montagne russe », qui va de la plus grande euphorie à la plus grande dépression. Les mêmes processus sont observables chez les personnes liées par une addiction, avec une notion de dépendance et de tolérance.
Liberté perdue, et désillusion
Nous perdons alors peu à peu notre liberté, et tout devient subjectif. En fait, lors du coup de foudre, nous idéalisons l’être que nous aimons : ses qualités, mais aussi ses défauts qui deviennent même des charmes… Nous sublimons l’être aimé. Nous l’élevons en le mettant au centre de notre vie, il est le seul objet de notre bonheur.
Nous tomberons d’autant plus haut si notre sentiment n’est pas partagé, ou lorsque le sentiment amoureux en viendra à décroître pour faire transparaître la réalité. Et alors ce sera la désillusion, l’atterrissage brutal. Mais comment ai-je pu m’amouracher d’un être pareil ? Le mal et la douleur deviennent alors proportionnels à l’intensité du bonheur ressenti auparavant.
L’amour passionnel et fusionnel a ceci de dangereux : il nous coupe de la réalité des choses, nous nous attachons à des émotions plus qu’à des faits réels. Nous sommes aveuglés par l’amour, nous ne voyons pas l’autre tel qu’il est, mais tel que nous le rêvons.
Les coups de foudre ne mènent pas toujours à des relations durables. Il est alors absolument indispensable, si nous voulons avoir un discernement plus juste de la réalité, que nous puissions faire le point pour réviser notre vécu, nos sentiments, nos comportements, car notre jugement est quelque part altéré. Pour cela, un éloignement provisoire de quelques semaines ou de quelques mois s’impose peut-être. Nous devons arriver à contempler l’autre avec un autre regard, qui tiendra compte des éléments réels. Il faut prendre du recul, pour faire la part entre la réalité et les fruits de notre imagination.
La rupture sentimentale
Une rupture sentimentale peut se produire : elle est un électrochoc, mais en sens inverse du coup de foudre. C’est une déception douloureuse qui donne du vague à l’âme. Il faut brutalement redescendre de son petit nuage, pour affronter à nouveau la dureté de la vie et la solitude. Une phase de deuil va débuter, avec ses accès de dépression et de révolte. Les larmes couleront. La vie deviendra une plainte, une corvée : elle passera de la couleur au noir et blanc. L’amour passionnel se transformera parfois en haine.
Il faut arriver à gérer le sentiment de perte qui, si nous étions encore très amoureux, est d’autant plus intense et difficile à supporter. Le mieux est alors de s’occuper l’esprit, de travailler, de s’aérer et de se donner d’autres pôles d’intérêt : cela n’est jamais facile, mais on y arrive dans le temps. Il faut aussi avoir un(e) confident(e), à qui nous pourrons tout raconter, et qui nous aidera à faire la part des choses et à repartir sur de nouvelles bases.
Certains jeunes sont tellement affligés lors d’une déception sentimentale, qu’ils ne s’alimentent plus, maigrissent, s’isolent et pensent souvent à la mort. Leur rêve s’est écroulé, et peut-être représentait-il leur vie entière.
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