J’ai tout essayé : mais je rechute sans cesse…

Il faut beaucoup de courage pour arrêter la pornographie. De même que pour arrêter la drogue, l’alcool, le tabac : car ce sont des dépendances. La porno-dépendance est une intoxication, semblable à une toxicomanie (du grec « toxikon » : poison pour flèches, et « mania » : goût immodéré et déraisonnable pour).

La toxicomanie est un état d’intoxication périodique ou chronique, engendré par la consommation répétée de produits naturels ou synthétiques, dont les caractéristiques sont :

  • un invincible désir ou besoin de continuer à consommer le produit et de se le procurer par tous les moyens
  • une tendance à augmenter les doses, à cause d’un phénomène de tolérance
  • une certaine dépendance psychique à l’égard des effets du produit, et généralement physique
  • des effets nuisibles à la société et à l’individu

La dépendance de la pornographie fonctionne de la même manière : un invincible désir et un besoin incompressible, une tolérance, une augmentation de la consommation, une dépendance psychique et physique., des effets nuisibles à la société et à l’individu.

Des experts sur les effets de la pornographie dans la chimie du cerveau ont témoigné lors d’une audition au Sénat américain. Le psychiatre Jeffrey Satinover a décrit combien la pornographie ressemblait à la cigarette, notant qu’elle était un système élaboré pour provoquer un afflux d’opioïdes endogènes à l’intérieur du cerveau. « Il est temps de cesser de considérer ces choses comme une simple forme d’expression. La science moderne nous permet de comprendre que la nature d’une dépendance à la pornographie est chimiquement similaire à une dépendance à l’héroïne », a déclaré Satinover.

Il semble que la toxicomanie aux dérivés morphiniques (morphine, héroïne, …) puisse d’ailleurs être considérée comme un type de préférences érotiques particulières. En effet l’injection de morphine provoque une sensation similaire à l’émoi érotique, l’injection d’héroïne provoque une sensation proche de la jouissance, et la dépendance observée semble dépendre de mécanismes neurophysiologiques proches de ceux de l’addiction érotique.

(définition de l’émoi érotique : sensation émotionnelle de plaisir intense, qui correspond à l’activation de certaines régions hypothalamiques et, éventuellement, limbiques. Il semblerait que les endomorphines soient impliquées dans la dynamique de ce processus.)

 

La pornographie : le petit piment en plus…

Pour certains d’entre nous, la pornographie est devenue, dans le temps, un refuge, un exutoire, un moyen de compensation, pour décompresser notre énergie sexuelle à tout moment, et nous « envoyer en l’air » quelques minutes. Elle nous apporte un bouquet de plaisir, rend notre vie plus supportable, moins monotone. Elle rajoute un certain piment à la vie, et abreuve notre soif de découverte de nouvelles expériences et de nouveaux plaisirs. C’est l’aventure, l’exploration de la diversité et de la beauté des différentes parties du corps, des différents organes et orgasmes sexuels, des différentes méthodes pour parvenir encore à une plus grande jouissance.

La pornographie… au début, nous avions même foi en elle, en sa fonction apaisante, restructurante. Elle était devenue le complément indispensable de nos carences et souffrances affectives, psychologiques et physiques.

Elle nous avait parfois même redonné foi en notre capacité d’être, avec le sentiment de compter au moins pour quelqu’un, même si c’est un partenaire fictif, imaginaire ou de passage.

Et puis, elle est si facilement atteignable… cette pornographie, à tout instant, à toute heure, dès que le besoin s’en fait sentir. Elle est même devenue avec le temps, une compagne de route. Compagne secrète, cachée.

Nous avons cru que la pornographie était un bon moyen pour remplir notre vide. Puis, nous nous sommes rapidement aperçus que ce vide demeurait malgré les remplissages quotidiens et successifs, et que ce vide réclamait encore plus de pleins. Comme un réservoir d’essence que l’on remplit indéfiniment, alors que la voiture n’avance toujours pas, ou seulement par à-coups : il faut de plus en plus souvent aller à la pompe et dépenser des sommes folles pour refaire éternellement le plein.


Comment remplacer le vide de notre vie par un plein qui ne soit pas destructeur et illusoire ? Là est la vraie question. Mais également, si je remplace un vide par un autre vide, je ne peux réellement solutionner mon problème. La pornographie est un vide séducteur, elle est un mirage dans lequel le vide nous apparaît comme un plein. Nous remplissons le vide par un autre vide.

 

Le serpent hypnotiseur…

Derrière la pornographie se cache un serpent venimeux qui nous hypnotise. Il sait prendre son temps, ce serpent : et d’ailleurs, il a tout son temps… Cet adversaire tenace, dont le but est de détruire notre âme, notre couple, et même notre vie spirituelle, nous amadoue et nous rend dépendant de lui en nous apportant tout d’abord le plaisir demandé : c’est alors comme une succession de feux d’artifices qui jaillissent dans la nuit noire. Ne nous y trompons pas : ce ne sont que des appâts.

Les mois ont passé, et brutalement des fusées sont retombées sur nos têtes, les gouttelettes de venin du serpent nous ont atteint. Cela a été un empoisonnement progressif, à doses infinitésimales. La tristesse et la dépression nous ont envahi, car nous n’arrivions pas à tarir le flot de nos souffrances : bien au contraire, ces dernières ont augmenté avec le temps, le débit en est devenu plus grand. À nos souffrances anciennes se sont rajoutées les souffrances dévastatrices de la pornographie et de ses fausses promesses : en réalité, nous devenons de plus en plus tristes et malheureux, notre sexualité se pervertit, notre vie de couple chavire, nous devenons incapables d’aimer, car l’égoïsme prend toute la place.

Nous avons alors découvert que tout était un mirage et que la pornographie nous conduisait de plus en plus dans la misère morale, le désert affectif, les déceptions, les ténèbres. Son bonheur était illusoire, comme toute drogue, qu’elle soit virtuelle, naturelle ou synthétique. Et malheureusement, nous nous en sommes aperçus trop tard, le serpent a œuvré, détruit et sapé l’essentiel : notre volonté, notre morale, notre sérénité. Et puis, des perversions odieuses se sont parfois installées dans nos vies, et nous ont fait comprendre que désormais, nous resterions prisonniers d’elles.

Nous avons tout essayé pour nous défaire du serpent, en le délogeant des pierres sous lesquelles où il s’était glissé. Mais il est toujours resté à quelques mètres de nous, tapi dans l’ombre, prêt à nous hypnotiser à nouveau à la moindre occasion. Et c’est ce qu’il a refait par séquences, au moment où notre vigilance s’était relâchée.

 

Je n’ai plus d’espoir… ça me reprend tout le temps…

Comment faire lorsque toute espérance est anéantie, lorsque nous avons rechuté des dizaines et des dizaines de fois, et repris à chaque fois de nouvelles et bonnes résolutions, avec pour résultats des échecs manifestes et une dépravation de plus en plus grande ?

  • Il est parfois nécessaire de choisir un référent dans l’entourage proche. Qu’est-ce qu’un référent ? c’est une personne que vous connaissez bien, à qui vous parlerez de votre problème, à qui vous confierez votre progression dans ce domaine, vos rechutes, et qui vous aidera à vous en sortir sans vous juger et vous faire la morale. Le mieux c’est de lui dire sous 24 heures (pas plus !) lorsque vous faites une rechute : alors avec compréhension et humilité, elle discutera avec vous, et si vous êtes tous deux des chrétiens, elle priera avec et pour vous.
  • Il ne faut surtout pas baisser les bras, car perdre de nombreuses batailles ne signifie pas perdre la guerre : on peut toujours se relever, même si cela prend énormément de temps, et si ce relèvement est d’abord pavé d’échecs retentissants et décourageants
  • Il faut rejeter l’état d’accusation : « tu n’es plus rien, tu es devenu(e) une bête de sexe, tu n’es plus qu’un(e) incapable, un accro du sexe, un bon à rien ». La culpabilité est normale par rapport à nos actes, mais la soumission à un état constant d’accusation, qui prend toute la place dans notre personnalité et l’empoisonne, est anormale et destructrice : il faut la rejeter
  • Il ne faut pas se soumettre au sentiment de désespoir : « c’est foutu, tu es définitivement prisonnier, il n’y a plus de solution pour toi, tu as épuisé toutes les possibilités de te relever, le compte à rebours a commencé »
  • Il ne faut pas se soumettre aux tentations d’auto-destruction : « maintenant, tu n’as plus qu’à te laisser complètement aller, jusqu’à ce que ta vie, ton couple soit définitivement par terre, tu n’as plus qu’à te laisser détruire à petit feu… »
  • Il ne faut pas se soumettre au sentiment de dépression et de honte : « ta tristesse est légitime et définitive, regarde, tu n’as plus la volonté de t’en sortir, tu n’y arriveras plus jamais, tu es définitivement esclave de la pornographie, honte à toi »
  • Il faut tout mettre en œuvre pour s’en sortir à nouveau, même s’il y a eu de très nombreuses rechutes dans le temps : décider d’être suivi psychologiquement et spirituellement pour ce problème particulier, avec de nombreux entretiens dans le temps – rechercher minutieusement les racines de la porno-dépendance et les traiter – mettre tout en œuvre pratiquement pour ne pas rechuter – accepter de traverser la période difficile du sevrage – prendre conscience de sa fragilité et l’intégrer – devenir créatif, faire partie d’un groupe, s’adonner à d’autres plaisirs (sport – nature musique – lectures – passe-temps – vie relationnelle -, etc.)
  • N’oublions jamais : la porno-dépendance est une addiction, une intoxication, une toxicomanie : elle mérite donc d’être traitée comme telle et non comme une difficulté anodine… ; ce n’est pas étonnant si quelquefois la lutte est douloureuse et longue, et si elle laisse quelques traces…

Rappelons ici encore, pour les chrétiens convaincus, l’importance de la vie de prière, de la repentance (le pardon de Dieu s’applique aussi aux péchés récurrents… et heureusement ! car l’être humain est un perpétuel récidiviste, la Bible le démontre bien), de la vie communautaire en Église (la solitude spirituelle n’arrange rien, bien au contraire), de la lecture assidue de la Parole de Dieu, et du recours à un »référent » qui nous aimera d’une manière inconditionnelle et priera efficacement et confidentiellement pour nous dans le temps, malgré les rechutes potentielles.

Il faut à tout prix croire en l’Amour fidèle de Dieu, qui ne rejette jamais la personne qui veut sincèrement s’en sortir… Jésus veut aider à tout prix (au prix de sa mort sur la Croix) le porno-dépendant, jusqu’à la victoire finale. Ne croyez pas la petite voix qui vous dit « c’est fini, c’est foutu, cette fois, tu es cuit, Dieu t’a rejeté », même si cette petite voix vient de la bouche d’un autre chrétien…

« Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15: 5)

L’ON PEUT TOUJOURS S’EN SORTIR,
SI L’ON S’EN DONNE LES MOYENS…

Phénix

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