Que penseront mes parents ?

Ma famille se retient de me mettre à la porte…

Le problème est vraiment crucial au sein de la cellule familiale. Lorsqu’on a un handicap physique ou mental, ou que l’on est membre d’une minorité politique ou religieuse, l’on peut en général continuer à compter sur le soutien de la famille. Ce n’est parfois pas le cas lorsque l’on affiche brutalement devant son père ou sa mère que l’on est homosexuel, ou que l’on a des tendances homosexuelles.

Le rejet des parents est quelquefois là, ainsi que celui d’un frère ou d’une sœur. Il est lié à leur attitude naturelle à craindre, à haïr puis à rejeter ce qu’ils ne connaissent ni ne comprennent pas. Il est aussi lié à la honte et à la peur du qu’en-dira-t-on, ou simplement à des raisons d’ordre moral ou religieux. « N’en parle surtout pas à ton père, tu le tuerais ! » dit la maman. Et voilà le jeune obligé de se cacher tour à tour, de mentir avec certaines personnes de son entourage, puis de se montrer naturel avec d’autres. Parfois, l’un des parents met l’enfant à la porte dès qu’ils apprennent son homosexualité : « Tu n’es plus mon fils, ma fille ».

« Pour l’instant, j’ai choisi de vivre avec mon secret […]. Aujourd’hui, mon père est heureux car marié depuis 30 ans, une maison, un travail qu’il aime beaucoup et des connaissances avec qui il a de très bons contacts. On est une famille unie. Alors je ne veux pas le faire souffrir avec mes attirances. Actuellement, je pense que le fait que mes parents ignorent mon attirance est préférable. »[1]

Double vie forcée…

Ceci l’introduira dans un système de mensonges encore plus douloureux et compliqué à vivre que celui dans lequel il se trouvait initialement. Beaucoup de personnes pratiquant l’homosexualité en arrivent à vivre réellement une double vie, l’une de jour, professionnelle ou étudiante, et l’autre de nuit, faite de dragues et de passages à l’acte. Elles passent d’un état de libération (lors des passages à l’acte) à un état de compression et de refoulement (lors du retour à la vie cachée).

Certains jeunes choisissent malgré tout de ne plus rester dans l’ombre et de faire leur « coming-out » (littéralement : sortie du placard).

La première étape les fait regarder leur situation personnelle en face, et ils réussissent à s’accepter eux-mêmes. La deuxième les fait extérioriser leur vécu dans leur propre famille, devant leurs amis, et parfois devant leurs collègues de travail.

[1] propos d’un jeune, dans : Études et statistiques sur les jeunes gays en Suisse Romande

Le face à face avec les parents

Nous l’avons déjà évoqué, il n’est jamais facile pour un parent d’apprendre par la bouche de son fils ou de sa fille : « Maman, Papa, j’ai quelque chose de très important à vous dire : je suis homosexuel(le) ».

Avant d’en parler à ses parents, nous devons savoir que ce fils ou cette fille a dû d’abord traverser lui-même la découverte de ses attirances sexuelles, et supporter un long cheminement douloureux – plusieurs mois ou années – dans un questionnement constant sur sa véritable orientation sexuelle. L’enfant a longtemps réfléchi aux éventuelles conséquences de le dire ou non à ses parents. Bien souvent, il s’en est d’abord ouvert à une autre personne proche, oncle ou tante, frère ou sœur, afin de tester leurs réactions.

Il hésitera longtemps avant d’en parler à l’un de ses parents. Le plus dur sera de le communiquer à son père. C’est donc d’abord vers sa mère en premier qu’il se dirigera. Celle-ci, tout comme son père par la suite s’il est mis au courant, traversera une période difficile :

  • Elle ne se sentira pas du tout préparée à gérer cette situation, et subira un choc violent et une désorientation
  • Elle se sentira responsable de l’homosexualité de son enfant et entrera alors dans un esprit de culpabilité : « qu’ai-je raté dans mon éducation envers lui (elle), quelles ont été mes erreurs ? »
  • Elle deviendra agressive envers lui, envers elle-même et envers son conjoint, ce qui nuira à la bonne communication dans la famille
  • Puis suivra une période de résignation, de grande tristesse, voire de dépression
  • Elle traversera une période de deuil, accentuée par le fait qu’elle devra probablement renoncer à avoir des petits-enfants – situation encore plus critique si l’enfant est l’unique de la famille
  • Elle devra renoncer à ses projets envers lui, et affronter les réactions des voisins, des autres membres de la famille, des amis proches, et parfois les propos intolérants des autres chrétiens de son église
  • Elle vivra des périodes de doute, de remise en question, de rébellion, de frustration
  • Le cheminement vers le respect du choix de son enfant sera long, douloureux, et parsemé de nombreux questionnements, surtout si l’enfant vit en couple
  • Les angoisses demeureront : peur du milieu homosexuel, du sida, du devenir réel de l’enfant et de son épanouissement, etc.

C’est alors qu’il sera nécessaire pour les parents concernés, d’obtenir de l’aide auprès d’autres personnes de confiance avec qui ils pourront partager leurs soucis, leurs angoisses. Mais vers qui se tourner ? Le médecin de famille, un membre du corps médical ou social, un responsable spirituel pourra éventuellement opérer une écoute, et expliquer les différentes théories et prises de position actuelles sur l’homosexualité. Mais cela n’est pas « gagné » d’avance…

Le grand questionnement des parents…

Le questionnement des parents tournera autour des thèmes suivants :

  • Qu’est-ce réellement que l’homosexualité, devons-nous être pour ou contre ? Les racines de l’homosexualité demeureront-elles toujours un mystère ?
  • Comment nous comporter avec notre fils ou notre fille sans être ni laxiste ni autoritariste, quel est le juste milieu ? Devons-nous accepter de recevoir son partenaire à la maison, en journée (et/ou) pour dormir ?
  • Devons-nous penser que notre enfant restera définitivement comme cela, et qu’en conséquence nous n’aurons pas de petits-enfants de lui ?
  • Devons-nous tout faire pour qu’il change, est-ce notre devoir ? ou alors, l’aider à s’accepter et à s’épanouir dans cette voie ?
  • Que pense Dieu du comportement de notre enfant, et du nôtre par rapport à lui (cas d’une famille chrétienne) ?

Si les parents coupent la relation avec leur enfant, et le mettent à la porte dès qu’il leur apprend son homosexualité, les risques de suicide sont élevés, puisque l’enfant « n’a plus rien à perdre ». Il se sentira rejeté par tous ceux qu’il aime le plus, et retournera le couteau dans sa plaie. Il fera alors n’importe quoi pour survivre, en désespoir de cause : drogue, prostitution, refuge auprès de multiples partenaires anonymes et à hauts risques, tentative de suicide.

« Si ton enfant te parle de son homosexualité, il faut qu’il conserve toujours la même place dans ton cœur, et que tu lui gardes ta confiance et ton amour, que tu le lui dises et le lui montres par des paroles et des gestes conséquents. Chéris-le, écoute-le et aide-le. »

(Ghislaine, mère d’un garçon homosexuel)

Dans tous les cas, les parents auront besoin de temps pour accepter – cela sera par étapes successives – la vérité sur le vécu de leur enfant.

Et dans les familles chrétiennes ?

Nous avons été très surpris en constatant parfois – et donc seulement dans certains cas – la réaction inappropriée de certains parents chrétiens à l’égard de leur enfant qui déclare son homosexualité : ils provoquent une mise à l’écart de l’Église, il y a des manipulations par des exhortations spirituelles constantes au moyen de versets de la Bible, des pressions de toutes sortes par d’autres chrétiens, par des Anciens et par le Pasteur. Ou par des membres du groupe de prière. Même chose dans les familles musulmanes.

Et puis, à la maison, c’est « l’enfer », et c’est le cas de le dire. Interdiction de recevoir une personne du même sexe, de l’inviter pour un repas… Un esprit de contrôle très sévère sur toute tentative de sortie le soir, de rencontrer d’autres jeunes du même sexe…

Il n’y a aucun dialogue constructif, c’est un langage de sourds. L’on fait comprendre à l’enfant homosexuel qu’il vit dans la malédiction, ou bien alors, qu’il représente une malédiction pour la famille…

« Dieu ne t’a pas créé comme ça, alors arrête ce comportement, et tu verras, tu trouveras une très bonne petite copine chrétienne et ça s’arrangera ! Tiens, par exemple, Adeline, elle est mignonne, hein, tu ne penses pas ? »…

Tout ce qu’il faut pour provoquer un repli sur soi, la négation des difficultés rencontrées, voire des addictions et une tentative de suicide, et au niveau spirituel, l’éloignement de la foi et du contact avec les chrétiens, lesquels sont pourtant censés aimer en tout temps, envers et contre tout, d’une manière inconditionnelle et avec patience.

Cette variété de parents chrétiens devrait en urgence se remettre en question. Il en va de la survie de l’enfant ! L’enfer, ce n’est pas le vécu et la situation de l’enfant, mais ceux des parents ! La foi chrétienne, ce n’est absolument pas le développement de ces genres de comportements de rejet si graves et si profonds !

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