Place, dans cette rubrique, à la diversité des réflexions et des opinions. Place à l’esprit ouvert, à la tolérance mais sans compromis.
Tolérons le fait qu’en pensant différemment de nous, les autres ne sont pas en train de torpiller nos idées ou nos croyances religieuses, ou de chercher à nous détruire. Il faut une diversité de modes de réflexion, puis ensuite, une confrontation saine et pacifique des différentes écoles de pensée. Une société fraternelle démocratique doit laisser libre cours à la diversité des opinions.
Le vieil adage « Ils ont raison, car ils sont les plus nombreux » n’est pas toujours vrai, nous pensons même qu’il est en grande partie erroné.
A utiliser avec précaution…
Voici donc quelques pistes sommaires de réflexion, et quelques conseils, qui pourront être utilisés avec précautions, parfois et à la demande, comme base de dialogue avec une personne hétérosexuelle qui n’est pas satisfaite de sa vie hétérosexuelle, avec une personne homosexuelle qui n’est pas satisfaite de sa vie homosexuelle, avec une personne qui n’est pas satisfaite de son propre genre masculin ou féminin, nous en fait part, n’est pas sous l’influence de lobbies religieux, idéologiques ou philosophiques, et aspire librement à une transformation, ou une restauration de son être à ce sujet.
Rappelons encore que ce désir de transformation et de changement d’orientation est parfois présent aussi bien dans la personne hétérosexuelle qui évolue vers l’homosexualité, dans la personne homosexuelle qui évolue vers l’hétérosexualité, et chez la personne qui change librement de genre (masculin – féminin) car son identité profonde le réclame. Nous n’évoquons donc pas ici les phénomènes de mode, ou les exigences des religions.
Préserver le libre arbitre, l’autonomie…
Dans tous les cas, il s’agit de ne jamais enfermer la personne dans une pensée unique, d’exercer des pressions lors de l’aide que nous lui apporterons, et de ne jamais l’influencer en projetant notre propre pensée ou notre propre vécu à ce sujet. Il faut à tout prix préserver le libre arbitre et l’autonomie de la personne qui se pose des questions et prend contact avec nous.
Pour cela une qualité est indispensable : se taire… et laisser l’autre exprimer ce qu’elle vit au tréfonds de son âme. L’aider à mieux décoder ce qu’elle pense vraiment, à mieux cerner par elle-même ses motivations. Tout, absolument tout, doit venir d’elle, et uniquement d’elle, car qui sommes-nous pour dicter aux autres la conduite qu’ils doivent avoir concernant leur vécu profond ?
Ne jamais briser un désir ou une recherche sincère…
Nous n’avons pas le droit d’interférer, de détruire subtilement son point de vue, de la rejeter, de la décourager, et de la forcer à rester malheureuse toute sa vie si tel est le cas. Nous n’avons pas le droit de l’influencer et de briser son désir et sa recherche qui sont sincères. Ce serait provoquer un conflit intérieur et une opposition qui pourraient l’amener au suicide.
Voici quelques pistes et matières à réflexion, si vous êtes amenés, en tant que conseiller proche d’un jeune (parent, ami, pasteur, éducateur, etc.), à devoir donner certains éléments de réponse aux questions profondes d’une personne qui désire un changement dans son orientation sentimentale, sexuelle ou de genre (et en effet, vous ne pouvez pas la laisser « sur le carreau » si elle déprime totalement et a des pensées suicidaires) :
- S’enquérir si la personne est réellement volontaire pour effectuer un changement, et si elle n’est pas d’abord sous l’influence ou la pression de quelqu’un (parent violent en paroles – ami – association homophobe ou à l’inverse hétérophobe et totalement allergique à tout changement progressif d’orientation – groupement religieux sectaire). Évaluer ses motivations. Sa décision de changer doit être profonde et résulter d’un cheminement personnel. Car si la recherche de changement n’est pas profonde, si elle n’est pas vitale, ce sera l’échec assuré, et même un drame intérieur total, qui pourra mener à la dépression ou à pire.
- Pour évoluer et changer dans ce domaine, il est indispensable d’intégrer d’abord l’orientation qui existe déjà, et de fuir le déni, le refoulement. Il faut donc inviter la personne à s’intégrer d’abord elle-même dans ce qu’elle est, même si elle a de la difficulté à s’accepter, et à extérioriser ce qu’elle a refoulé parfois depuis des années : attirances, angoisses, peurs, déceptions, traumatismes, mal-être dans le genre. Le passage du stade du rejet de soi-même au stade de l’intégration est primordial : aucune évolution ne pourra réellement s’opérer avec succès tant que cette étape n’est pas franchie.
- Lui suggérer de faire un bilan général de son vécu identitaire, de ses acquis, de ses carences, auprès d’un professionnel (psychologue, thérapeute)
- Lui expliquer la probabilité (à explorer le cas échéant) que certains processus psychologiques, certains événements extérieurs qu’elle a traversés aient pu la conduire vers un mal-être. Chaque parcours de vie est différent, les raisons qui ont provoqué la fixation des attirances puis du passage à l’acte ne sont pas toujours évidentes et définitivement explicables.
- Il faut l’inviter à identifier d’une part les enrichissements et les gains, d’autre part les déficits, pertes et mécontentements à vivre dans l’hétérosexualité, la bisexualité ou l’homosexualité, ou dans son genre initial. Selon le bilan qu’elle aura fait sur elle-même, la personne sera en mesure de mieux réévaluer sa décision à prendre, quant une éventuelle nouvelle orientation. Cette identification est nécessaire et indispensable.
- Un ou plusieurs abus émotionnels, affectifs, sexuels ou d’autorité ont-ils eu lieu durant l’enfance ? des rejets et des humiliations ? des moqueries quant à la masculinité ou la féminité ? des attouchements ou des viols de la part d’une personne du même sexe ?
- L’enfant d’autrefois a-t-il pu bénéficier d’une aide psychologique, ou est-il resté dans la solitude en s’isolant davantage ? Provient-il d’une famille dysfonctionnelle ? Quelles ont été la nature de son éducation, et les exigences que l’on a fait reposer sur lui ? Explorer également les exigences subies par une éducation religieuse rigide.
- Quels choix a-t-il opéré face à ses émotions et ses désirs ? A-t-il pu développer ou non un sentiment fort d’exister, un sens personnel à sa vie et un sentiment d’appartenance à son genre ?
- Le sens de son existence est-il basé exclusivement sur la problématique de ses attirances et pulsions sexuelles ? A-t-il eu recours à un soutien bénéfique au sein d’un groupe qui a eu un vécu similaire (importance du partage d’expérience et du dialogue) ? Qui l’a initié à sa sexualité, à l’épanouissement de son genre, comment et dans quel cadre ? A quel âge les attirances sexuelles et les certitudes du genre sont-elles apparues ?
- L’aider à rechercher la nature et la qualité de la relation triangulaire « père-mère-enfant » : père et mère, père-enfant, mère-enfant. Mais aussi de la relation avec les frères et sœurs, et avec les groupes (au sein de l’école – des activités associatives, etc.)
- La phase fusionnelle avec la mère s’est-elle prolongée et cristallisée à vie ? L’identification au père a-t-elle été effectuée ? La phase d’appropriation de son propre sexe et de son propre genre s’est-elle opérée, afin d’avoir une personnalité adulte qui lui permette d’aller vers l’autre sexe sans en avoir peur ? La phase narcissique s’est-elle prolongée ?
- Examiner ensemble quel est le déficit réel subi dans la relation avec le parent du même sexe, puis avec le parent du sexe complémentaire. C’est l’attachement avec le parent du même sexe qui comble chez l’enfant le besoin d’être aimé par ce parent et de s’identifier à lui.
- Chercher à définir les attirances et les pulsions qui se sont manifestées dans l’enfance pour compenser et combler ce déficit.
- Cerner comment pouvoir combler les besoins affectifs non satisfaits, autrement que par l’acte sexuel ou la dépendance de la pornographie. De saines relations avec des personnes du même sexe (ou / et) du sexe complémentaire peuvent être établies en compensation.
- Réévaluer l’image de la personne du sexe ou du genre complémentaire, et travailler la question de la vie relationnelle et émotionnelle avec les personnes de l’autre sexe ou genre.
Bien que nous ne puissions pas changer ce qui est arrivé dans le passé, nous pouvons changer comment cela nous affecte ou influence aujourd’hui, et comment nous comprenons ce qui est arrivé. Nous pouvons supprimer les effets négatifs et dévastateurs de certains événements du passé en transformant leur interprétation, et en réorientant sainement nos réactions.
Le bateau risque de tanguer…
Au fil du cheminement vers un changement d’orientation, de nombreuses luttes vont avoir lieu au niveau des attirances, des fantasmes et du comportement. Le domaine de la sentimentalité, donc des émotions ressenties à l’intérieur des attirances et des désirs, sera difficile à gérer. Les changements dans ce domaine vont s’effectuer progressivement, avec des souffrances et des découragements, mais aussi l’inverse.
Le fait d’être confronté à nouveau avec les grands problèmes existentiels de la vie personnelle pourra réveiller à nouveau des traumatismes, des douleurs et des pulsions d’autrefois : l’important sera maintenant de savoir les affronter au présent et de les gérer différemment d’autrefois, puis de les réorienter positivement. Le ressenti semblera plus difficile et désagréable simplement parce que nous abordons enfin les problèmes que nous avions ignorés ou déniés jusqu’à présent. Passer par des phases de mal-être conduira ensuite à la libération de l’être tout entier : il faudra accepter de passer par ce chemin parfois douloureux en persévérant.
La transformation et le renouvellement du domaine de la pensée deviendra indispensable, en modifiant les mécanismes qui auront conduit à une fausse interprétation de certains événements ou de certains actes traumatisants subis.
Rappelons l’importance et la valeur de l’accompagnement psychologique personnel, durant toute la durée de ces étapes sensibles, difficiles, mais très fructueuses dans la vie d’une personne profondément à la recherche d’elle-même. Rappelons aussi l’importance d’une vie spirituelle approfondie et conséquente, et d’un accompagnement personnel et non directif dans le cadre de cette spiritualité.
PS : Notre association connaît personnellement à ce jour, après une vingtaine d’années de bon fonctionnement, plusieurs centaines de personnes qui ont réussi dans leur sphère psychosexuelle, une transformation profondément satisfaisante, équilibrée, progressive et sensée, qui les a conduites à davantage de bonheur et de mieux-être. L’on voit l’arbre à son fruit.
Phénix – Association OSER EN PARLER
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